mercredi 30 avril 2008

Revue de lecture - 2005 - août

Deux beaux portraits de bibliothécaires par d'autres bibliothécaires
août : « L'énigmatique Monsieur Herr » / Bernier, Catherine, Argus, vol. 33 no 3 (hiver 2004), p. 25-28 ., Messier, Jacques. « Que notre véritable Saint Patron se lève s’il vous plaît ! » Argus, vol.33, no 3, hiver 2004, p. 31-32. (Ces articles sont disponibles aussi en ligne dans Papyrus, le dépôt institutionnel numérique de l'Université de Montréal.

Deux collègues de la Bibliothèque des lettres et sciences humaines font le portrait et retracent le parcours de deux éminents bibliothécaires qui remettent en question tous les stéréotypes véhiculés sur les gens exerçant cette profession dans la revue Argus.

Bernier, Catherine, « L'énigmatique Monsieur Herr » Argus, vol. 33 no 3 (hiver 2004), p. 25-28. Accès en ligne : http://hdl.handle.net/1866/112
Avec l'énigmatique M. Herr, Catherine Bernie, bibliothécaire de référence (Études françaises, Études anglaises, Littérature comparée) a brossé un beau portrait de bibliothécaire et d'intellectuel de la trempe de ces hommes du siècle des Lumières. Lucien Herr, d'origine alsacienne, né de famille modeste, qui administra la bibliothèque de l'École normale supérieur de Paris de 1888 à 1926, s'est distingué très jeune par de brillantes études. Alors que bardé de diplômes, il pouvait aspirer à des postes plus prestigieux au sein de l'administration publique, aucun chant de sirène ne parvînt à le détourner de sa vocation première: devenir administrateur de la bibliothèque de l'ENS, emploi relativement humble pour cet érudit dont le savoir et le talent auraient permis d'accèder sans peine à des fonctions plus notoires.( Serait-ce pour cela que Catherine Bernier a qualifié ce personnage d'"énigmatique"?). Ce voeu exaucé, il dirigea avec ferveur et sans relâche les destinées de cette bibliothèque au cours d' une longue carrière de trente huit années.

Esprit libre, homme juste et intègre, Lucien Herr était de ces êtres sans compromis qui ne craignait d'exprimer ses opinions quand les valeurs auxquelles il croyait étaient menacées. A une époque où le pouvoir ne transigeait pas avec la neutralité des ses fonctionnaires, sa prise de position contre l'antisémitisme de la droite française de l'époque dans l'affaire Dreyfus qui secoua la France en ce début du 20 è siècle, dénotait une indépendance de caractère et une rigueur morale admirables. Ce militantisme se transforma en sacerdoce quand il s'agissait de sa profession de bibliothécaire où il s'illustrât et où il essayât comme il le disait, à "embellir et enrichir le très bel instrument que j'avais entre les mains". Il dut se battre souvent contre une administration frileuse et eût recours au mécènat pour pallier au manque chronique de ressources financières et matérielles . Malgré des moyens dérisoires (comme personnel, il avait un "garçon de bibliothèque" pour 100 000 volumes), il réussît à bâtir pour sa chère bibliothèque de l'ENS un fonds à la hauteur de ce qu'il souhaitait, et qui demeure "le plus important de culture générale qu'il y ait en France".

Messier, Jacques. "Que notre véritable Saint Patron se lève s’il vous plaît !" Argus, vol. 33, no 3, hiver 2004, p. 31-32. Accès en ligne : http://hdl.handle.net/1866/112

Sur un mode plus léger, Jacques Messier (Théologie et sciences des religions, Études classiques et médiévales, Philosophie) fait le portrait de Saint-Jérôme, bibliothécaire (né en 342, décédé en 419 ou 420) dont la personnalité "tranche définitivement avec les stéréotypes de la profession". Loin d'être le personnage timoré et effacé qu'on attend en général d'un bibliothécaire et d'un religieux de surcroît, Saint-Jérôme avait, paraît-il la réplique cinglante et la langue acérée, ce qui lui valut sa part d'ennemis. Traducteur, archéologue, copiste, on lui doit, entre autres travaux la "traduction de la Bible en latin, texte qui fut par la suite adopté lors du Concile de Trente et accepté comme version " officielle " de la Bible". On lui doit la transcription des livres de Saint Hilaire, des commentaires des Psaumes et da Chronique d'Eusèbe de Césarée. Ses prises de position en regard des idées protestantes auraient été à l'origine de l'incendie qui détruisit en 416 le monastère qu'il avait fondé quelques années auparavant avec son "amie" Paula (relation qui suscita, comme vous en doutez, quelques ragots). Philosophe, Saint-Jérôme se serait contenté de dire: " Mieux vaut manger son pain sec que de perdre la foi!"

Ces comptes-rendus de lecture sont rédigés par My Loan Duong , MLS.
août 2005, Bibliothèque de bibliothéconomie et des sciences de l'information

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