mercredi 30 avril 2008

Revue de lecture - 2007 - mai

Politiques culturelles et bibliothèques publiques en France et au Québec dans le cadre de l'intercommunalité. Étude comparée / Agnès Macquin, conservateur des bibliothèques, Enssib
«En quoi le regroupement des villes peut-il aider les bibliothèques publiques à mieux faire valoir leur rôle et à mieux remplir leurs missions?». Dans son mémoire déposé en janvier 2007, Agnès Macquin, élève conservateur de l'École nationale supérieure des sciences de l'information et des bibliothèques (ENSSIB) , Lyon, France, examine les effets sur la politique culturelle et sur la bibliothèque publique du regroupement des villes, connu sous le nom de fusion municipale au Québec et d'intercommunalité en France. Quels en sont les impacts sur les pratiques en vigueur en France et au Québec et bref, cette nouvelle structure administrative aidera-elle la France et le Québec à combler ce retard constaté sur le modèle anglo-saxon qui leur sert de référence ? Si oui, de quelle façon? Car si les enjeux sont semblables, les solutions envisagées sont différentes des deux côtés de l'Atlantique. Par sa proximité avec le monde anglophone, «le Québec se soignant au remède anglo-saxon alors que la France garde ses médicaments nationaux». Pour conclure, Agnès Macquin pense que « l'intercommunalité, au delà des économies d'échelle réalisées grâce à la fusion de différents services et une collaboration plus efficace entre les différents secteurs administratifs devra permettre un accès plus large à la culture, aux loisirs, à l'éducation et à l'information». Ce mémoire, rédigé sous la direction de Réjean Savard, professeur titulaire, École de bibliothéconomie et des sciences de l'information (EBSI), Université de Montréal, publié en janvier 2007 aborde pour la première fois le problème de «l'action publique en général et de l'action politique en particulier» dans le milieu des bibliothèques en France et au Québec sur fonds de concurrence exacerbée par le contexte de la globalisation et les enjeux de la visibilité au niveau national et mondial.

Les réseaux sociaux: pivot de l'Internet 2.0 / Alain Lefebvre ; dessins de Fix. Édition V2.0. Paris : MM2 Éditions, c2005. 211 p. : ill. ISBN 2952051488. HD 69 S8 L44 2005
Dans l'univers de l'internet 2.0, ce vieil adage « ce qui compte n'est pas ce que vous savez mais qui vous connaissez » revêt plus que jamais toute son acuité. Cette monographie d' Alain Lefebvre, un des fondateurs de SQLI, une société spécialisée dans la conception et la mise en œuvre de systèmes d’information et de nouvelles technologies créée en 1990 et passée de 4 employés à 700 employés en moins de 10 ans, porte sur l'efficacité de ces nouvelles catégories de logiciels sociaux qui ont redéfini le paysage virtuel au cours de ces dernières années.

Internet 2.0 ou le web 2.0, né après l'éclatement de la bulle internet vers la fin 2001 et le début 2002 marque ce que plusieurs observateurs ont souligné comme le phénomène de la réappropriation de l'internet par les utilisateurs. Dans cette mouvance, on assiste à l'arrivée en force des applications favorisant échanges et connexions entre les personnes avec la possibilité donnée à chaque visiteur de contribuer au contenu. L'impact des outils collaboratifs qui permettent d'accroître considérablement les cercles de connaissances dans les milieux de travail est, selon l'auteur une «petite révolution intellectuelle dans le domaine des relations professionnelles». Présentation d'un point de vue de l'intérieur sur les avantages et les inconvénients du phénomène des réseaux sociaux.

Cet ouvrage est agrémenté par les dessins de FIX, consultant en stratégie d'entreprise.

«Mérimée bibliothécaire» par Michel Melot dans Revue de la Bibliothèque nationale de France, n.5, 2005, pp 75-80
Michel Melot retrace ici le parcours de Mérimée, bibliothécaire et président de la commission chargée de proposer les modifications à apporter à l'organisation de la Bibliothèque impériale au 19è siècle . Car si on connait bien l'oeuvre de Prosper Mérimée, l'écrivain, auteur entre autres de Carmen en 1845, nouvelle qui fut à l'origine de l'Opéra de Bizet et de la Dictée de Mérimée en 1857 écrite à la demande de l'impératrice Eugénie, avec qui il avait sympathisé en Espagne alors qu'elle n'était encore que la comtesse de Montijo, son apport comme bibliothécaire est moins documenté. Portrait par Michel Melot de Mérimée le bibliothécaire, l'auteur du rapport de 1858 qui a remis sur pied une institution engagée dans «une situation désastreuse» et qui a posé les bases de la bibliothéconomie moderne.

L'amitié de Mérimée pour Antonio Panizzi, chef de la bibliothèque du British Museum et son amour pour l'Angleterre ont certainement influencé les idées du rapport qualifié de travail d'Hercule par Michel Melot. Validées par l'arrêté de Napoléon III le 14 juillet 1858, ces mesures et ces recommandations ont défini le portrait de la profession et redessiné la structure administrative de ce qui deviendra la Bibliothèque nationale de France. Nouvelle organisation des départements, ouverture d'une salle de lecture publique, développement accru de la collection et de la politique de reliures, revision de la loi du dépôt légal, constitution d'un comité de surveillance étaient parmi les mesures prescrites .

Ce polyglotte qui maniait le grec et l'arabe et à qui on doit la traduction de nombreux ouvrages en russe dont plusieurs oeuvres de Pouchkine, Gogol et Tourgueniev, avocat, archéologue, inspecteur des monuments historiques, membre de l'Académie française et de l'Académie des inscriptions et des belles-lettres était aussi un visionnaire. En avance sur son temps, la commission qu'il présidait défendait déjà l'accès libre aux salles de lecture (et ceci alors que la Bristish Museum exigeait encore une carte d'admission avec mention de respectabilité) en soutenant qu' «il serait injuste de refuser aux pauvres le droit de s'instruire» et que « le vol et les mutilations des livres ne sont pas le fait des visiteurs les plus ignorants». Dans le même ordre d'idées, le rapport recommandait aussi le maintien des prêts et le prolongement des heures d'ouverture. On doit à cette commission la création de la fonction de bibliothécaire comme poste intermédiaire entre les conservateurs et les autres employés, et le renforcement des compétences requises pour travailler dans les bibliothèques. Du modèle anglais, il a retenu l'idée d'investir dans le personnel en haussant les émoluments des conservateurs afin que ceux-ci ne soient pas obligés de «cumuler des travaux annexes» et revalorisé cette fonction pour en faire une profession. Sur la question du catalogue, cependant, selon Michel Melot, «à l'esprit pratique anglais» Mérimée opposa « l'aspiration vers la perfection française», en préférant le catalogue méthodique par ordre des matières au lieu des fiches classées par ordre alphabétique des auteurs. Désormais, un administrateur général, sous l'autorité du ministre de l'Instruction publique et des Cultes dirigera la Bibliothèque impériale qui comprendra quatre départements; celui des livres imprimés, cartes et collections géographiques, celui des manuscrits, chartes et diplômes, celui des médailles, pierres gravées et antiques et celui des estampes.

Cette structure durera cent trente et un ans, jusqu'à un autre 14 juillet, en 1993, quand François Mitterand signa le projet du chantier de la Bibliothèque nationale de France.

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