mercredi 30 avril 2008

Revue de lecture - 2006 - janvier

janvier
The Other Enlightement : how French women became modern / Carla Hesse. Princeton : Princeton University Press, c2001. xvi, 233 p. : ill. ISBN 069107470
Carla Hesse, parle ici des femmes qui ont été les championnes de la démocratisation du savoir et de la culture dans la société française à partir du 18è siècle. Sous le titre "The Other Enlightement " Carla Hesse, professeur d'histoire à l'University of California , spécialiste de l'histoire de la littérature française dresse le portrait de ces femmes qui ont fait l'autre "Siècle des Lumières". Pour Carla Hesse, l'entrée des femmes dans l'espace public et de leur long combat pour l'affirmation de leurs droits a commencé avec la période charnière de la Révolution française de 1789 . Militantes avant la lettre, philosophes, poètes, écrivains, éditrices, elles ont prêté leur talent et leur plume pour défendre à côté des hommes les grands principes de liberté et d'égalité en se dressant contre le despotisme du système politique de l'époque. Elles ont utilisé leurs influence et leurs nom et mis leurs fortunes au service public en ouvrant d'abord la porte de leurs salons cossus à tous ceux qui combattaient l'ancien régime, puis en s'engageant à leur côté pour dénoncer la tyrannie, au prix parfois , comme ce fut le cas pour MMe Roland , guillotinée sous la Terreur, de leur vie. Bourgeoises ou nobles, femmes du peuple, elles ont posé les bases d'une longue lutte contre une autre oppression, celle de la société traditionnelle qui les confinait au rôle d'épouse et de mère et ont ont fait entendre pour la première dans l'histoire de l'humanité la voix du "sexe faible ". Au discours de la femme dévouée à son époux et sa famille, grâce à elles, se profile un autre discours où la citoyenne revendique son droit à la vie publique et celui d'écrire l'histoire.

Deux chapîtres intitulés "Women in print" et "Female Authorship in the New Regime", expliquent pourquoi "l'autre Siècle des Lumières", c'est à elles que notre monde le doit. Le veuvage et les départs des hommes à la guerre leur ouvrirent les portes des métiers du livre et surtout celles de publication et de l'entrepreneurship. Des fonctions et des tâches jusqu'ici réservées au sexe fort leur sont enfin accessibles. Dans le domaine de l'imprimerie, alors qu'elles étaient jusqu'alors confinées à des emplois de reliure, elles peuvent occuper la fonction de typographe autrefois réservée aux hommes. Mais c'est d'abord et surtout en tant qu'auteurs et éditrices que ces femmes se sont affirmées pour entamer la marche pour la revendication de leur identité de citoyennes à part entière. À travers leurs pensées, leurs réflexions, leurs écrits et leurs actions, de Mme de Stael à Simone de Beauvoir, Carla Hesse nous fait faire un tour fascinant de l'univers culturel féminin en France pendant plus de deux siècles et nous présente ces intellectuelles qui ont ouvert au "deuxième sexe" les portes d'entrée de la société moderne et qui ont joué ainsi un rôle de premier plan dans la démocratisation du savoir.



Don't blame character smear on Wikipedia; [FINAL Edition] USA TODAY. McLean, Va.: Dec 9, 2005. pg. A.22 Column Name: Letters Section: NEWS ISSN/ISBN: 07347456
It's online, but is it true? ; Misinformation undermines freewheeling Wikipedia; [FINAL Edition] Janet Kornblum. USA TODAY. McLean, Va.: Dec 7, 2005. pg. D.7
A false Wikipedia 'biography' ; This is a story of how vandals, hiding behind federal privacy laws, can use the highly popular, free online encyclopedia to attack fellow citizens. It could happen to you.; John Seigenthaler. USA TODAY. McLean, Va.: Nov 30, 2005. pg. A.11
Author of false Wikipedia biography apologizes ; Nashville man sends letter to journalist, says entries were intended as 'a joke'; Susan Page. USA TODAY. McLean, Va.: Dec 12, 2005. pg. A.4
Jérémie Lavoie et Amir Nakhjavani: " La contreverse Wikipedia" Le Pigeon Dissident: le journal des étudiantes et des étudiants de la Faculté de droit de l'Université de Montréal. vol.29, n. 5, 24 janvier 2006, pp: 1-2
Tout le monde connait Wikipédia, cette encyclopédie ouverte et gratuite créée en 2001 par Jimmy Wales, dans la mouvance de la philosophie Internet: n'importe qui peut créer le contenu et publier les textes. Cette absence de droit d'auteur a fait craindre pour la qualité des écrits et la fiabilité des auteurs. Crainte injustifiée, selon d'autres, qui une recherche publiée dans le magazine Nature soutiennent que sur le plan de la qualité, les articles publiés dans Wikipedia sont aussi crédibles que ceux de l'Encyclopedia Britannica. L'affaire Steigenthaler remet en question ce point de vue.

Au départ, c'était juste un blague, pas très subtile ( est-il utile de le souligner?), que Brian Chase de Nashville au Tennessee, en mai 2005, voulait faire à un collègue de travail. Elle remonte à mai 2005, quand Brian Chase trouve dans Wikipedia un article sur John Seigenthaler Sr, journaliste connu et ex-rédacteur en chef du journal The Tennessian de Nashville. Il le réédite, en ajoutant que ce notable est impliqué dans les assassinats de John et de Robert Kennedy. Six mois plus tard, en octobre 2005, Steigenthaler, par un hasard quelconque, prit connaissance de l'écrit. Il contacta alors Jimmy Wales pour dénoncer cette fausseté à son endroit . Le fondateur de Wikipedia accepta de retirer la biographie de la dernière mise à jour et des mises à jours antérieures qui étaient aussi disponibles sur le Web, la politique de Wikipedia étant de laisser accessibles toutes les versions. Cependant, quand Seigenthaler voulut connaître l'identité de l'auteur de ces faussetés pour exiger réparation, il subit une autre frustration: Wikipedia ne pouvait que lui fournir l'adresse IP de l'usager.

Outré, Seigenthaler relata sa mésaventure dans un article que USA TODAY publia le 30 novembre 2005 sous le titre : "A false Wikipedia 'biography' ; This is a story of how vandals, hiding behind federal privacy laws, can use the highly popular, free online encyclopedia to attack fellow citizens. It could happen to you" .

C'est que le droit américain fait la différence entre les éditeurs et les fournisseurs de service. À l'instar de AOL, Amazon, Yahoo, etc..., Wikipédia n'est pas considéré comme un éditeur mais un fournisseur de services car l'encyclopédie est ouverte et n'importe quel utilisateur peut y éditer des textes. N'étant pas considéré comme un éditeur, Wikipedia est donc protégé contre les poursuites en diffamation ( Article 230 du Communications Decency Act) . D'autre part, la responsabilité de Wikipédia en tant qu'organisation ne peut être invoquée ici puisque les faussetés sont l'oeuvre des internautes c'est à dire d'individus et que le propos diffamatoire n'étant pas connu d'avance, la compagnie n'en est pas responsable. Échaudées par l'expérience de Steigenthaler, un regroupement des personnes ayant été l'objet de diffamations sur Internet crée un site pour inviter ceux qui ont été l'objet de préjudices semblables à se joindre à eux et intente un recours collectif contre Wikipedia et d'autres sites similaires. Le groupe réclame que ces fournisseurs de services assument la responsabilité légale de leur contenu. Les chances de succès de cette poursuite? Pratiquement nulle, disent les experts.Car Wikipedia se définissant comme "fournisseur de services informatiques interactifs" ne peut être poursuivi pour les actes diffamatoires des internautes pris individuellement. Un peu plus tard, Brian Chase admit publiquement être l'auteur de la fausse biographie et présenta ses excuses à Seigenthal dans un texte publié par USA TODAY en décembre 2005. Entre temps, pour limiter les dégâts, le créateur de Wikipedia Jimmy Wales changea la politique d'accès à l'édition des informations sur Wikipedia. Désormais seuls les usagers dûment "enregistrés" peuvent changer le contenu.
Palliatif ou règlement provisoire qui ne résoud pas le problème de fond et qui laisse entière la question de la responsabilité des pollueurs d'internet.

* Une équipe d'experts mandatés par la revue Nature a comparé la véracité des informations dans Wikipédia avec Encyclopaedia Britannica a constaté que le nombre d'erreurs ou d'omissions trouvées dans Wikipédia sont sensiblement semblables à celles trouvées dans l'encyclopédie britannique. Sur 42 entrées , les experts ont décelé 4 erreurs dans Wikipédia contre 3 dans Britannica et au niveau des omissions ou erreurs ils ont retracé 162 contre 123 pour Britannica. Wikipédia étant une encyclopédie ouverte, le phénomène d'autorégulation entre les auteurs-lecteurs a contribué à améliorer le contenu, une information fausse mise par un visiteur se trouvant corrigée par un autre visiteur.

Le métier d'étudiant : l'entrée dans la vie universitaire / Alain Coulon [2e éd.]. Paris : Economica : Anthropos, c2005.xvi, 240 p. Collection Éducation. ISBN 2717849688.
Le titre le dit bien. C'est devenu un métier que d'être étudiant. N'est ce pas paradoxal quand on pense que le statut d'étudiant est avant tout un statut provisoire ? C'est que le processus d' apprentissage qui commençait auparavant avec l'entrée à l'université et finissait avec l'obtention du diplôme n'est plus le même. Dans un environnement qui bouge et se transforme très vite, les formations ne sont plus figées de même que les usages, les techniques et les pratiques. L'activité pédagogique est désormais autant du ressort de l'apprenant plus que de l'enseignant. Pluridisciplinaires, les formations universitaires proposent maintenant une orientation à la fois progressive ou "à la carte" qui suppose que l'étudiant doit désormais s'impliquer dans le processus d'apprentissage .

Pour Alain Coulon, professeur de Sciences de l'Éducation à l'Université de Paris VIII, l'entrée à l'université n'est pas réalisable si "elle ne s'accompagne pas d'un processus d'affiliation au monde intellectuel ". Et, statistiques à l'appui, l'échec et l'abandon menacent ceux qui ratent ce passage initiateur de l'entrée dans le "monde des idées"qui commence par l'appropriation des modes d'apprentissage multiples et souvent complexes. Cette entrée réussie dans le monde universitaire suppose la connaissance sinon la maîtise des règles de communication, des règles de lecture et des règles d'organisation du travail intellectuel. Dans ce contexte, (avis aux formateurs !) l'enseignement de la méthodologie documentaire est, selon l'auteur, un des meilleurs outils pour apprendre aux étudiants les règles du travail intellectuel .

Spécifiquement conçu pour les étudiants français, cet ouvrage qui aborde un point de vue "ethnométhodologique" pourrait s'adresser aussi à ceux qui font un retour aux études ou ceux qui font leur rentrée dans le monde complexe des universités de nos jours.

Jusung JU: " Understanding E-drop-Out" International Journal on E- Learning vol.4, n. 2 , 2005, pp: 229-240
Les technologies de l'information et des communication permettent de créer un environnement pédagogique qui dépasse les murs d'une institution. Universités et collèges offrent de plus en plus des cours en ligne pour rejoindre une clientèle d'étudiants confrontée à des problèmes de temps et d'éloignement, en particulier les étudiants en formation continue. Mais le E-learning ou les études en ligne présentent des désavantages qui expliqueraient un taux d'abandon élevé chez ces étudiants qui ne fréquentent pas le campus.
Cet article fait état d'une étude menée à l'University of Georgia pour examiner les facteurs déterminants dans l'abandon des études en ligne. Les variables examinées sont regroupées dans 5 catégories : la formation de base de l'étudiant, la motivation, l'intégration académique, l'intégration sociale et l'environnement technologique. Après la revue des facteurs identifiés comme les causes de l'abandon des cours en ligne, les auteurs présentent les stratégies proposées par des experts pour assurer un taux de réussite plus satisfaisant.

"E-Learning in Higher Education: The Challenge, Effort, and Return on Investment" Tastle, William J. , Bruce A. White and Peter Shackleton. International Journal on E- Learning vol.4, n. 2 , 2005, pp: 241-253
Enquête menée auprès de 103 enseignants dans le milieu de l'enseignement supérieur aux États-unis et en Australie pour comprendre pourquoi et comment ces professeurs ont conçu des cours en ligne. Aussi surprenant que cela puisse paraître, dans la majorité des cas , les professeurs mettent en ligne les cours pour des motifs personnels (26% de réponses) et non pour rejoindre les étudiants à distance (12% ). Les réponses suggèrent aussi que les cours en ligne exigent beaucoup plus de temps, autant en termes de préparation et qu'en termes d'enseignement pour ceux qui les offrent. D'autre part, compte tenu du temps investi, les résultats sont mitigés puisque seulement un tiers des étudiants pensent que les cours en ligne offrent plus de matière, alors que 16% d'étudiants pensent le contraire. La moitié des étudiants sont neutres quant à l'avantage des cours en ligne sur les cours traditionnels.

Ces comptes-rendus de lecture sont rédigés par My Loan Duong , MLS.
janvier 2006, Bibliothèque de bibliothéconomie et des sciences de l'information

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